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Et si nous récupérions la cellulose présente dans les eaux usées ?

Dernière mise à jour : 18 avr. 2021

Les eaux usées possèdent différentes origines, elles peuvent être domestiques, pluviales, ménagères, industrielles ou encore agricoles. Afin de réduire l’impact de l’activité anthropique sur l’environnement, ces eaux usées sont dépolluées au sein de Stations de Traitement des Eaux Polluées (STEP) avant d’être rejetées dans l’environnement. Selon le Ministère de la Transition Écologique, en 2019, la France comptabilisait, plus de 22 000 stations d’épuration, offrant ainsi une capacité épuratoire totale de 105 millions d'Équivalents-Habitants (EH - dimensionnement des dispositifs d’assainissement en considérant la quantité d’eaux usées émise par personne et par jour, et leur charge polluante). Autrement dit, les STEP françaises sont en mesure de traiter plus de 22 millions de mètres cubes d’eaux usées par jour.

Les eaux usées sont traitées en plusieurs étapes. La première étape, le prétraitement, permet d'éliminer la majorité des déchets solides en suspension (sable, bouts de bois, graisses). Le traitement primaire permet d’éliminer les matières en suspension grâce à des procédés physiques. Enfin, le traitement secondaire, quant à lui, élimine les matières en solution dans l’eau (matières organiques, substances minérales) grâce à l’action de microorganismes.

Le traitement des eaux usées génère la production de divers résidus que l'on nomme des boues. Aujourd’hui, la production de ces boues en France s’élève à plus d’un 1 million de tonnes de matière sèche. Plus de 70 % de ces boues sont valorisées en tant que fertilisant en agriculture ou encore comme matière première pour le biogaz. Les 30% restants sont quant à eux incinérés (F. Roussel, 2020).





Les eaux usées proviennent majoritairement d’usages domestiques, et possèdent donc une charge en papier toilette relativement importante. Ce dernier est composé exclusivement de cellulose et représente plus de 23% des matières en suspension (C. EME, C. Boutin, 2015). En 2016, un français consommait en moyenne 146L d’eau potable par jour, soit environ 53.4m3 par an (EauFrance, 2018), et consommait, en moyenne, environ 6.4kg de papier hygiénique par an (Statista, 2018). Le papier hygiénique étant essentiellement constitué de fibres cellulosiques, sa récupération représenterait une source de matière première abondante pour la France, à hauteur d’environ 670 000 tonnes par an, et permettrait de diminuer la production des boues. Ce produit issu du recyclage s’inscrirait ainsi dans les objectifs nationaux et permettrait à de nombreuses entreprises françaises de diminuer l’utilisation de ressources fossiles, notamment pétrolière, et ainsi d’abaisser leur empreinte carbone.

En outre, la France possède un solde importateur de cellulose positif en 2019 (International Trade Center, 2020). Cette cellulose recyclée constituerait un matériau de substitut à la cellulose brute pour divers produits tels que les journaux, les vêtements, l'asphalte de bitume, les bioplastiques, ou encore les biocomposites. Elle pourrait donc être utilisée dans différents secteurs, et ainsi diminuer la dépendance de la France, voire même d’inverser sa balance commerciale. Dans le secteur de la Plasturgie la cellulose pourrait être incorporée dans les biocomposites constitutifs des produits destinés à l’automobile, à hauteur de 5 à 10kg par voiture (Andrieu A. 2019). Dans le secteur des Bioplastiques, les fibres cellulosiques récupérées seraient utilisées pour la fabrication de plastique, à hauteur de 40 à 100% (Association Française pour le Développement des Bioplastiques, s.d). Enfin, la cellulose pourrait être utilisée dans le secteur du Bâtiment et Travaux Publics (BTP) en l’incorporant comme liant pour la production d’asphalte de bitume, à hauteur de 0.3 à 5% (Bellatrache et al., 2018 et Techniques routières, 2013).


Le recyclage est au cœur des débats politiques actuels avec notamment la loi n°2020-105 du 10 février 2020 relative à la lutte contre le gaspillage et à l'économie circulaire. De ce fait, la récupération cellulosique au sein des eaux usées constitue un levier d’action majeur pour la France. L’utilisation et l’incorporation de matériaux issus du recyclage constituerait une voie d’avenir qui a déjà fait ses preuves dans plusieurs pays européens, notamment les Pays-Bas ou encore l’Allemagne, et est sur le point d'émerger en France.


Article réalisé par la MJE Vitae, en collaboration avec PVS GmbH et CirTec.


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