En 1935, le botaniste britannique Arthur George Tansley a renouvelé la définition du mot "écosystème" en le définissant comme un "complexe d'organismes et de facteurs physiques". Autrement dit, le terme “écosystème” représente l'ensemble des êtres vivants (biocénose) interagissant entre eux et avec leur environnement (biotope). La biocénose et le biotope vivent en symbiose, ils dépendent l'un de l'autre. Ainsi ces nombreux écosystèmes forment un lieu unique par leurs caractéristiques pédo-climatiques, mais aussi par les espèces animales et végétales qui les composent. Les forêts, les lacs et les océans représentent tous des écosystèmes particuliers. Ces biomes sont bénéfiques pour tout être vivant car ils permettent, par exemple, la fourniture d'eau douce, les stocks de pêche, la régulation de l'air et du climat (OMS, 2021).
Cependant, l'activité anthropique affecte directement plus de 70% de la surface terrestre mondiale (cf. Figure 1). En 2015, près du quart de la superficie terrestre libre de glace était affectée par l’utilisation humaine, générant une dégradation des sols et ainsi une réduction de la productivité agricole à hauteur de 23%. Par conséquent, il est estimé que l’érosion des terres agricoles travaillées serait plus de cent fois supérieure au taux de formation du sol (IPCC, 2020).
Figure 1 : Cartographie des écosystèmes menacés
Source : Swiss Re Institute and multiple data sources
De par son activité, l’Homme impacte chaque jour directement et indirectement de nombreux écosystèmes en les modifiant (cf. Figure 2). En altérant les écosystèmes, les interactions initiales entre le biotope et la biocénose changent. Les oiseaux migratoires sont ainsi parfois contraints de dévier leur couloirs migratoires habituels ou de modifier le temps passé dans chaque zone. Même si certaines espèces s’adaptent au réchauffement climatique, d’autres sont menacées et peuvent disparaître à long terme, favorisant ainsi le déclin de la nature. D’après le dernier rapport de l’IPBES, un million d’espèces animales et végétales sont menacées d’extinction (IPBES, 2019). Le rhinocéros noir en est un exemple. Avec seulement 5 000 individus, il représente une des espèces animales les plus menacées du monde (UICN, 2021). D’après David Attenborough “le seul moyen de sauver un rhinocéros est de sauver l'environnement dans lequel il vit, parce qu'il y a une dépendance mutuelle entre lui et des millions d'autres espèces d'animaux et de plantes”.
Figure 2 : Exemples de déclins observés dans la nature au niveau mondial, soulignant le recul de la biodiversité provoqué par des facteurs de changements directs et indirects.
Source: Rapport de l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques - IPBES, 2019
L’activité humaine favorise également la production et la forte concentration des gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone (CO2) dans l’atmosphère. Cela provoque la hausse des températures et induit le réchauffement climatique (cf. Figure 3). Et pour cause, la moitié de la quantité de carbone émise par l’activité anthropique au cours de ces cinquante dernières années est absorbée par l’atmosphère (SDES et al., 2020). Par ailleurs, les terres et les sols gérés par l’Homme ne sont aujourd’hui plus des puits de carbone mais des émetteurs nets. Cela est notamment dû à la mauvaise gestion du réservoir de biomasse, en favorisant la déforestation massive et le changement d’affectation des terres (Bettin et al., 2020).
Figure 3 : Les gaz à effet de serre, responsables du réchauffement climatique
Aujourd’hui, le milieu marin correspond au biome le plus impacté, et plus particulièrement le massif corallien. Ce phénomène est notamment dû à la pollution par les rejets agricoles, les micro-plastiques, la surpêche, le développement du littoral, le réchauffement climatique et le trafic maritime (Burke et al., 2012). Cependant, il est important de protéger cet écosystème puisqu’il représente l’un des plus riches en biodiversité et fournit un habitat et l’alimentation pour de nombreuses espèces. En 2016, il occupait moins de 0,2% de la superficie des océans mais abritait près de 30% de la biodiversité marine (Payri et al, 2016). Il forme également une barrière naturelle entre l’océan et les côtes, protégeant ainsi ces dernières des catastrophes naturelles.
L’UICN est un organisme reconnu mondialement qui recense les diverses espèces en danger. Afin de protéger les différents écosystèmes, l'UICN a mis en place une liste rouge des espèces en voie de disparition (cf. Figure 4). Il les catégorise en trois sous parties : “critique”, “en danger” et “vulnérable”. Cette liste sert de base à toutes les études environnementales qui suivent les normes internationales de la Banque Mondiale. L’objectif est ainsi d’initier le développement des catégories et des critères pour une liste rouge d’écosystèmes fondée sur la meilleure information disponible et sur les expériences de l’UICN (Rodriguez et al, 2011).
Figure 4 : Risque d’extinction actuel au niveau mondial dans différents groupes d’espèces
Source: Rapport de l’évaluation mondiale de la biodiversité et des services écosystémiques - IPBES, 2019
Les activités humaines accentuent non seulement le réchauffement climatique, mais aussi l'érosion et la pollution des sols. Elles contribuent ainsi aux déséquilibres des écosystèmes. Il est donc primordial de restaurer les biomes, de les comprendre, et de connaître leur fonctionnement pour une meilleure cohabitation entre l’Homme et la nature. Pour ce faire, de nombreux acteurs tentent aujourd’hui de préserver les écosystèmes et de freiner au maximum leur dégradation. C’est dans cette optique que l’Organisation des Nations-Unies (ONU) a proclamé la période 2021-2030 comme la « Décennie des Nations-Unies pour la restauration des écosystèmes ». Au-delà des problématiques environnementales, la protection des écosystèmes s’intègre au sein des enjeux économiques Aujourd’hui, 55% du PIB mondial dépend des services écosystémiques (Groupe Swiss Re, 2020). Pour pallier cela, il est nécessaire de repenser notre modèle économique en prenant en compte les ressources limitées de la planète. C’est d’ailleurs là-dessus que s’appuie le géomimétisme qui consiste en imitant la nature de minimiser notre impact global sur le climat.
Références :
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Burke L., Retar K., Splading M. et Perry A. 2012. Récifs Coralliens en Péril (revisité). [On-line]. [26/02/2021]. https://pdf.wri.org/Recifs_Coralliens_en_Peril_Revisite.pdf
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Rodríguez, Jon Paul, Kathryn M Rodríguez-Clark, Jonathan E M Baillie, Neville Ash, John Benson, Timothy Boucher, Claire Brown, et al. 2011. Élaboration des Critères de l’UICN pour la Liste Rouge des Écosystèmes Menacés. Conservation Biology 25 : 11. [On-line]. [26/02/2021].
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UICN 2021. The IUCN Red List of Threatened Species. Version 2020-3. [On-line]. [27/02/2021]. https://www.iucnredlist.org
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