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La mangrove, une forêt dans la mer

Dernière mise à jour : 18 avr. 2021

Les mangroves constituent un socio-écosystème complexe abritant une immense biodiversité intégrant une faune et une flore spécifique, ainsi que des populations autochtones circulant sur les chenaux de marées et les bras de fleuves. Les mangroves représentent seulement 1% de la surface terrestre et pourtant elles constituent l’un des biomes le plus productif en matière organique. Ces milieux, souvent décrits comme hostiles, structurent les rivages et constituent une véritable barrière mécanique contre l’érosion naturelle de la houle.

Par ailleurs, les mangroves permettent de capter une grande quantité de dioxyde de carbone pouvant aller jusqu’à 1.000mg de carbone par hectare selon une revue publiée par Nature Geoscience en 2011. Ce carbone stocké dans les vasières et la tourbe des mangroves, nommé carbone bleu, représente environ 15% du CO2 dissous dans l’océan.


D’ici 2035, 75% de la population sera présente sur les littoraux, il est donc nécessaire de se pencher sur ces endroits si particuliers. Lors d'un reportage de la rubrique La Méthode Scientifique sur France Culture, François Fromard et Marie-Christine Comier-Salem reviennent sur leur ouvrage "Mangrove : une forêt dans la mer" où ils expliquent en détail le fonctionnement et les enjeux autour des mangroves.



Photo : © DR Anton Bielousov


Les mangroves se situent dans la zone de balancement des marées des zones tropicales et intertropicales. Elles subissent donc un va et vient d’eaux salées et d’eaux douces. Sur Terre, on retrouve deux grandes zones de mangroves ne communiquant pas entre elles et ne possédant aucune espèce en commun : la zone orientale (Asie et Est Afrique) et la zone occidentale (côte pacifique américaine et pourtour atlantique). La flore des mangroves est essentiellement constituée de palétuviers, arbres caractéristiques, mais également de fougères, de palmiers ainsi que d’orchidées.


En raison de contraintes particulières telles que la salinité ou encore le manque d’oxygène, ces espèces ont dû s'adapter. En effet, la flore prédominante de ces lieux possède des lenticelles au niveau de sa partie aérienne afin de respirer lors des marées hautes, et ainsi de lutter contre le manque d’oxygène. A cela, s’ajoute une double capacité de ces espèces à supporter l’importante salinité grâce à un blocage des cristaux salins grossiers au niveau des racines et un rejet des plus fins par la partie foliaire. De plus, certaines symbioses entre faune et flore permettent la survie de ce biome particulier à travers notamment la bioturbation des sols réalisée par les crabes, qui enrichit ceux-ci en oxygène .


Concernant la faune, de nombreuses espèces se réfugient dans ces zones, souvent inhabitées. Les eaux saumâtres ainsi que les grandes racines des palétuviers constituent un lieu de ponte idéal pour toute sorte de poissons. Les mangroves représentent également un site de migration attirant de nombreux oiseaux grâce à son incroyable biodiversité. En effet, les conditions climatiques tropicales, la richesse et la disponibilité alimentaire permettent d’assurer des conditions de vie favorables aux espèces migratrices, et ainsi d’assurer leur reproduction.


Fortes de ces richesses, l’homme a souhaité valoriser les mangroves en les exploitant. Des bassins et des canaux ont alors été creusés pour permettre aux crevettes de quitter la mer et d’être piégées dans des bassins de culture. Celles-ci sont alors élevées pour ensuite être revendues. Les rendements en crevetticulture s’avèrent être bons pendant cinq années avant de décroître. Dès lors, il est nécessaire de creuser d’autres bassins et d’autres canaux pour assurer la pérennité économique de leur activité. Ce phénomène est visible essentiellement au niveau du delta du Mékong où les demandes en crevettes sont importantes, entraînant un important recul des mangroves allant jusqu'à la disparition totale des mangroves naturelles de cette région. Cependant, le tsunami de 2004, a permis une réelle prise de conscience du rôle des mangroves. Certaines études ont démontré que les mangroves atténuent la force des vagues des raz de marées causés par les tsunamis (environ 20 à 30%). Dès lors, de nombreuses politiques et des programmes de reboisement de ces « Murailles Vertes » ont alors été mis en place. Malheureusement, ces tentatives ont souvent échoué puisque celles-ci n’étaient pas toujours réalisées dans les zones adéquates, ni avec des espèces végétales adaptées.


Malgré une disparition globale de la surface des mangroves, dans certaines zones, comme en Afrique de l’Ouest ou en Indonésie, on constate une progression naturelle des mangroves. Ces zones d’une richesse caractéristiques possèdent un double impact bénéfique tant environnemental, grâce à son rôle de barrière mécanique et de séquestration du carbone bleu, que socio-économique, à travers l’exploitation raisonnable des mangroves par les populations à travers la pêche et la vente de coquillages. Il est donc nécessaire de préserver les mangroves, et de sensibiliser le public aux divers rôles de ces forêts dans la mer.

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